7.23.2009

Enfin en Chine!!

** Dû aux difficultés techniques avec l'internet que mon père a subies en Chine, il m'a envoyé ses textes pour que je les publie sur son blogue! Bonne Lecture!**

2 juillet

Journée de grande farniente. Je me suis levé vers 8h, petit déjeuner copieux offert par le B&B dont je n’avais pas pu bénéficier depuis mon arrivée. Grande discussion sur l’archaïsme de la langue québécoise avec des français avec qui je partage ma table. Puis, je prends le vélo pour me rendre à la station
de train réserver une place pour demain. L’estomac n’est pas encore en parfait état mais au moins je contrôle passablement le système. Je fais un saut au cybercafé vérifier mes courriels et mettre en ordre mon blog. J’ai basculé quelques photos sur mon blog mais la connexion est tellement lente que j’ai abdiqué après deux photos seulement. Je suis allé manger un ¨Plov’ qui est en fait un plat de riz au safran avec de la viande des carottes et des oignons. Chaque région de l’Ouzbékistan se tare de faire le meilleur plov du pays et il y a autant de variations dans le plov qu’il y a d’habitants. En passant, ce n’est pas cher et c’est délicieux. Après le lunch, retour à la chambre et sieste puis visite des monuments que la ville offre aux touristes. Retour à l’hôtel vers 19h

3 juillet

Je me rends à la gare de très bonne heure pour attraper le train allant à Chimkent. C’est un des plus beau train que j’ai eu la chance de prendre. Les sièges ressemblent à des sièges de 1ière classe à bord des 747. Il y a deux rangées et il y a deux sièges par rangée. Je m’assoie et je suis rejoint rapidement par un autre voyageur, un français qui arrive du Tadjikistan. Nous allons passer la journée ensemble, mais à l’arrivée à la gare

4-5-6 juillet

Parti de Taskent au petit matin je roule au max pour rejoindre Taraz. Je me tape plus de 300 km en trois jours.

7 juillet
Je suis parti ce matin de bonne heure. Et je suis rentré à Taraz vers les 16h30 après avoir complété plus de 100 km. J’ai immédiatement trouvé un cybercafé et j’ai pu retourner mes courriels. Surtout que je veux trouver un endroit ou crécher à Almaty. Me fiant au guide Lonely Planet je demande aux jeunes qui peuplent le cybercafé des directions pour me rendre à l’hôtel Gazovich qui est le plus recommandé dans le guide. A ma grande surprise personne ne parlait suffisamment l’anglais pour me donner des directions. C’est alors qu’une jeune fille et sa mère sont apparues et m’ont offert leur aide. La jeune fille parlait bien l’anglais et elles décidèrent de venir me reconduire jusqu’à l’hôtel. La chambre est un peu chère mais il est tard, il fait noir et j’ai encore des problèmes avec mon système digestif. En plus la chambre est la plus belle que j’ai eu à date avec toilettes occidentales, bain, et il y a un frigo. Je m’installe dans la chambre rapidement. J’ai décidé de souper à l’extérieur et je prendre l’air. De plus, je veux m’acheter des victuailles car j’ai l’intention de profiter de ce frigo.

8 juillet

Je me suis levé ce matin avec des crampes et des gargouillements et une envie pressante qui n’a rien à voir avec la fringale du matin. J’ai donc décidé que j’étais pour demeurer une journée de plus à Taraz. Premièrement, il faut que je quitte ma chambre et que déménage dans un autre hôtel car on m’avait averti la veille qu’il n’aurait pas de place pour moi demain. Je me rends à l’hôtel Zhambyl juste a coté et réserve une chambre pour la nuit. Puis je pars en ville faire un peu de visiting. La ville de Taraz est très jolie, propre et plein de vie mes je n’ai pas vraiment le cœur à la visite et encore moins envie de marcher. Je me retrouve donc à l’hôtel de bonne heure, couché pour la nuit.

9Juillet

Je suis toujours à Taraz, à l’hôtel Zhambyl. J’ai encore l’estomac à l’envers mais je contrôle. Je suis parti vers les 10h. La journée s’annonce dur, il fait déjà chaud. Au départ de Taraz, la route est en mauvais état mais il y a des villages à tous les dix kilomètres, des magasins, des restaurants et partout des endroits parfaits pour piquer sa tente. Puis sans crier gare, on tombe dans le désert. J’ai pédalé toute la journée sur un terrain plat, sous un soleil de plomb sans un seul arbre ni aucun endroit pour s’abriter. L’asphalte est faite de gros cailloux, de crevasses et de trous béants. Si les premiers 40km ont été plutôt agréable, c’est tant bien que mal que je réussi à compléter mes 100 bornes et lorsque je vois un bosquet d’arbres sur le coté de la route, c’est sans hésitation que je décide d’arrêter pour la nuit, car depuis quelques heures je me demande ou vais-je pouvoir planter ma tente pour la nuit. L’emplacement est loin d’être idéal mais ca passe le test. Je m’éloigne un peu de mon campement et à mon retour, il y a un cavalier monté sur un tout petit cheval qui me regarde. Il me souhaite la bienvenue et me demande de la vodka. Comme je n’ai aucun alcool, il repart sans demander son reste et je rentre dans ma tente.


10 Juillet

Malgré le matelas pneumatique qui perd son air, la journée avait bien commencé avec une bonne nuit de sommeil. Je m’étais levé de très bonne heure, et la journée était fraîche, le vélo allait bien et la route n’était pas si pire. J’avais déjà presque engrangé mes 100 km dès midi. Tout le long de la route, je confirme mon itinéraire avec des locaux car selon la carte, à un moment donné je dois quitter la route principale qui passe par le Kirghizistan et faire un détour par une route secondaire. Je ne peux me permettre de manquer cet embranchement. Difficile d’expliquer une telle subtilité avec des signes. Plus je m’avance sur le chemin et plus le doute que j’ai loupé l’embranchement me hante. Finalement, dans un petit restaurant qui longe la route, on me confirme que le village où je dois quitter la route principale est passé depuis plus de trente kilomètres et dans mon esprit cela confirme que je dois rebrousser chemin sur trente kilomètres. J’approche un routier qui est sur son départ. Il accepte de me prendre à son bord. En deux temps trois mouvements le vélo est chainé sur la remorque et je me retrouve assis sur le lit de la cabine derrière le conducteur. Nous sommes cinq dans une remorque qui devrait compter au maximum deux personnes, L’atmosphère est détendue et mes bons samaritains n’ont qu’une seule envie, s’esclaffer de rire. J’ai passé une heure très agréable en leur compagnie. Ils me déposent à la croisée de chemin où je suis convaincu que je dois m’engager. Le conducteur du camion remorque est moins sûr que moi et après de longues discussions avec les marchands de miel qui ont leurs étals sur cette intersection, il en vient à la conclusion que j’étais sur le bon chemin et qu’il n’y a qu’une seule route qui mène à Almaty , qu’elle ne passe pas par le Kirghizistan et que ma carte est trop vieille. Tout cela se fait par signes, dessins et griffonnages sur le sable. Mais on finit par se comprendre. Pendant les discussions, les marchands de miel m’offrent le thé, mes bons samaritains m’offrent du miel et tout le monde décide de prendre en charge mon retour vers le point de départ en me halant une voiture, un autobus ou un camion. Je perdrai ainsi plus d’une heure attendre une occasion qui ne viendra jamais. Vers 16h, je me décide à quitter mes amis qui semblent déçus de constater que leur plan n’a pas marché et de me voir partir. Je dois me retaper un trente kilomètres de désert pour la troisième fois. Les gens du restaurant ou je m’étais arrêter pour le lunch semblent surpris de me revoir et ne comprennent pas vraiment ce qui s’est passé, mais sont très heureux de me voir, surtout que je commande de nouveau un repas. Il y a un petit boisé tout près et je décide d’y passer la nuit. Je fais vite me rendre compte que le petit boisé vide pendant le jour est occupé la nuit par des jeunes et de nombreux chiens errants. Qu’à cela ne tienne, je suis fatigué, la nuit est maintenant tombée et je n’ai pas le choix...

11Juillet

Je me suis levé ce matin après avoir passé une nuit agité, mon matelas pneumatique perd toujours son air et le foam tout seul ne fait pas vraiment le travail, des chiens ont hurlé une bonne parti de la nuit, j’ai eu des visiteurs a deux reprises qui même s’ils ne m’ont pas dérangé m’ont quand même réveillé. Une drôle de nuit. La petite communauté sur le bord de chemin était réveillée et je me suis offert un bon petit déjeuner avec du pain, du thé et des œufs. Puis vers les 7h30 départ. J’ai l’intention de faire un maximum de chemin aujourd’hui avec comme but de me rapprocher le plus possible d’Almaty. Le paysage est plat et monotone en fait, j’ai l’impression de revivre les prairies mais en plus chaud avec de l’asphalte de mauvaise qualité sans accotement et qui est utilisé par beaucoup plus de poids lourds. En plus il y a cette boucane noire que les camions crachent sans arrêt. Je fini toujours ma journée avec la gorge en feu

Vers 10h30, un long cours ralentit à ma hauteur et le chauffeur par signe me fait comprendre qu’il se rend à Almaty et qu’il m’offre de me prendre à son bord. L’aubaine est trop belle, le timing trop parfait et le soleil beaucoup trop chaud pour que je refuse et me voilà armes et bagages dans une semi-remorque en route vers Almaty. Il y a de ces occasions qui sont un don du ciel et ce type va me faire économiser 370 km et trois jours de souffrances. Je pourrai partir pour la Chine dès lundi matin.

Almaty est une très grande ville moderne européenne et très sophistiqué. À l’entrée d’Almaty, mon ange gardien de camionneur donne un coup de fil à mon contact du groupe Hospitality et me dépose le plus près possible de l’adresse de Mila. Il me faudra quand même presque ¾ h pour trouver l’endroit. Un petit 4 1/2 au 9ieme étage d’un bloc appartement de style soviétique, pas très joli de l’extérieur mais parfait à l’intérieur. J’apprends très vite que je suis le 4ieme voyageurs que Mila a accepté d’héberger. Il y a un russe, un polonais, un hollandais et moi. Les étrangers sauf le hollandais qui couche à l’extérieur chez une amie, allons tous dormir dans la même pièce. Les résidents aux nombres de 4 couchent dans les autres pièces. Mila, son chum, le russe et le polonais partent au petit matin faire un cinq jours de trekking dans les montagnes toutes proches. Ils commencent leurs préparatifs très tard dans la soirée et passent la nuit à se préparer pour le lendemain. Is se coucheront vers les 3h du matin avec un départ prévu pour 5h30. Ma nuit va être très courte. Bah! Je me reprendrai demain.

12 Juillet

Je me suis levé ce matin à 9h. Pas une très grosse nuit de sommeil. La maman de Mila ma fait un super café style Turque et j’ai eu droit à du saucisson et un fromage. Mon seul but aujourd’hui est de m’assurer un billet de train pour Urumqi demain soir. J’enfourche mon vélo avec la mission de trouver la station de train. Le petit ami de Lisa m’a griffonné un croquis pour que je puisse trouver la gare, un réparateur vélo et quelques librairies ou je pourrais trouver un guide et des cartes pour la Chine. Tout le monde me prévient que mon entrée en Chine est maintenant à risque. Les chinois auraient fermés la frontière depuis les troubles survenus à Urumqi lundi. Les nouvelles sur internet ne sont pas plus rassurantes sauf que depuis hier, on dit que tout est revenu normal à l’exception d’une présence accrue de militaires et de policiers.

J’ai finalement trouvé la gare, me suis fait copain avec le préposé aux bagages et j’attends avec impatience que la préposée au billet pour Urumqi consente à se montrer. Le guichet est ouvert mais la préposée absente. J’ai attendu au moins une heure puis j’ai décidé avec mon nouvel ami de partir en ville, trouver le réparateur vélo et les librairies. La recherche a été fructueuse et de retour à la gare, la préposée se montre finalement le portrait pour nous annoncer qu’elle ne peut vendre de billet pour Urumqi car elle ne sait pas si les chinois ont ouvert la frontière aux étrangers. Elle me dit de revenir demain lundi en espérant que les autorités auront décidés de nous laisser passer. J’apprends aussi que le train de Samedi s’est rendu à Urumqi mais qu’il était vide, sans passager.

Ce matin en me rendant à la gare j’ai remarqué un Pizza Hut sur le chemin et cette image est restée gravé dans ma mémoire olfactive toute la journée. Mon estomac a pris le dessus sur mon raisonnement et je me suis arrêté manger une pizza medium chez Pizza Hut d’Almaty.

J’ai passé la soirée à répondre à mes courriels, et à discuter avec la mère de Mila. Je lui ai conté ma journée à la gare, nous avons parlé de l’époque soviétique et de l’indépendance de son pays, j’ai répondu à ses questions sur le Canada et les États-Unis et beaucoup sur la distorsion que les médias font de la réalité.

13 juillet

Petite journée merdique, levée très tôt , déjeuner avec Madame et départ pour faire ajuster le vélo, acheter mes billets de train et trouver une librairie où je pourrais me procurer un guide et une carte de la Chine. Tout cela devait être du gâteau puisque je savais exactement où aller ayant fait ma reconnaissance la veille. Mais voila le magasin de vélo n’était pas ouvert, je me suis rendu à la gare et j’ai obtenu mon billet sans problème, cependant une fois le billet acheté, la préposée m'a informé qu’il n’y avait pas de wagon à bagages et que le vélo ne pouvait pas prendre le train. La dame Kazakh qui était derrière moi a pris ma défense et après beaucoup de discussions m’a amené voir les responsables des bagages. Encore beaucoup de parlottage pour finalement me faire dire qu’il n’y a jamais eu de problèmes avec les vélos mais que je devais le prendre avec moi dans le wagon qui m’a été assigné. Un problème réglé. Je pars maintenant vers le magasin de vélo. Il est ouvert mais le mécanicien est en congé. Il n’y aura pas de réparation possible aujourd’hui. On me dirige vers d’autres magasins qui se situent un peu partout dans la ville. Je fais faire des kilomètres en vain sans jamais trouver un seul des magasins. Tant pis le vélo va très bien et on me dit qu’il y a de très bons mécaniciens de vélo à Urumqi. On verra. J’ai trouvé trois librairies mais aucune n’avait de guide anglais pour la Chine et encore moins de carte en chinois. J’ai quand même profité de la journée pour prendre du poids et admirer la ville. En fin d’après-midi je me suis arrêté dans un café et j’ai mis de l’ordre dans mes textes destinés à ce blog. Pendant que je prenais le café un couple de français super sympathique m’a accosté. Jean-Claude et Dominique ont été attirés par le vélo. Fraichement débarqué à Almaty, ils étaient intéressé par mon voyage et encore plus quand ils ont appris que j’étais québécois, que je parlais français et puis j’y trouvais mon compte car ça faisait drôlement du bien de parler français. Avant que la nuit tombe je me suis rendu à la gare attendre mon train. J’y ai rencontré un autre couple de français qui se rendent eux aussi à Urumqi pour revenir à Almaty en vélo. Ils vont prendre deux mois pour parcourir leur circuit. Enfin le train chinois pour Urumqi entre en gare. Il faudra quand même attendre 23h30 avant que les portes des wagons s’ouvrent pour que les passagers s’installent. Avec mon vélo, je deviens vite un problème pour le responsable du wagon qui refuse de me laisser entrer. Il y aura beaucoup de discussions et l’heure de départ qui approche inexorablement et je suis toujours sur le quai. Finalement, le chef décide de me laisser monter mais je dois démonter complètement le vélo, d’attacher toutes les pièces ensembles et de prendre vélo et les cinq sacoches avec moi dans ma cabine. Une cabine qu’officiellement, je dois partager avec trois autres passagers. Lorsque ceux-ci m’ont vu arriver avec mon vélo en pièces détachées, ficelé avec une sangle de nylon et poussant mes cinq sacoches, j’ai, pour la première fois, compris parfaitement le chinois. Traduction
“Ha ben tabar....que, y a toujours des câ..... de limite, ou cé qui ai l’hos... d’épais qui a pris la décision, y faut que j’y parle”
et je me suis retrouvé dans une cabine tout seul avec mon bicycle pis mes sacoches. C’était mon premier contact avec la culture chinoise et j’ai trouvé qu’ils parlaient et pensaient pas mal comme nous autre.

14 juillet

Toute une journée à passer dans le train tout seul dans ma cabine avec mon bicycle. Je me suis quand même fait des amis des deux chinois avec qui j’aurais du partager la cabine. Ils m’ont d’ailleurs donné une banane et quelques biscuits. La cabine adjacente à la mienne m’a offert un café et un morceau de poulet. Les gens sont vraiment gentils. Vers 17h nous sommes arrivés à la frontière Kazakhstan/Chine et subit le dernier contrôle Kazakhstan. Puis les roues des wagons ont été changées car j’apprends à ma grande stupéfaction que les voies ferrées des pays de l’est sont plus larges que les voies ferrées chinoises. Mon nouvel ami de la cabine d’à côté m’explique avec beaucoup de gestes que cela serait à cause de Staline qui voulait augmenter la capacité des wagons durant la guerre. L’opération nous cloue au sol pour environ une heure. Puis chaque passager reste dans sa cabine avec ses bagages à attendre de passer la douane coté Kazakhstan. Ils sont assez efficaces et nous recevons en une heure et quelques chiquenaudes nos passeports estampillés. Malgré cela le train restera bloqué pendant plus de six heures dans le “No Man’s Land”. C’est ici que dans mon esprit, l’expression favorite de mon beau-frère Richard a changé de “vif comme un éclusier” pour “vif comme un douanier” mais j’étais tout seul pour trouver cela drôle alors j’ai ris dans ma tête en pensant à beau-frère Richard. Même dans le “No Man’s Land” nous demeurons sous la surveillance des soldats Kazakh. Alors on se regarde en faisant semblant de ne pas se voir, eux dehors et nous en dedans. Personnellement, je les trouve plutôt sympathiques, et fort de mon expérience militaire, je suis persuadé que cette situation les emmerde encore plus que nous. Mon voisin de cabine m’avise avec le plus grand sérieux de ne pas les regarder et encore moins de leur sourire. Selon lui, cela ne pourrait amener que le trouble. Mais c’est plus fort que moi et je n’arrive pas à ignorer le pauvre bougre qu’on a planté telle une statue devant la fenêtre de mon wagon. Quand finalement, vers les 23h, le train s’extirpe de sa torpeur en direction de la frontière chinoise le jeune soldat me regarde et m’envoi la main. Je dois dire que cela m’a fait un petit velours.

Les gardes chinois sont tout sauf ce que j’aurais imaginé. Ils sont grands, plutôt baraqués, souriants et très sympathiques. Leur anglais est presqu’inexistant. Malgré tout, à force de bonne volonté de part et d’autre, nous réussissons à communiquer. Ils sont très intéressés par mon voyage, mon équipement et mes cartes et ils sont très efficaces. Ils sont toujours attirés par les gadgets électroniques et l’un deux veut vérifier mon ordinateur. Je tends l’appareil qui refuse de démarrer. J’ai beau tenter toutes sortes d’astuces, rien ni fait et je suis drôlement embarrassé. Au bout d’une éternité, je comprends que les batteries sont complètement à plat et je branche l’appareil qui se met à fonctionner. Je n’ai aucune idée de ce que le douanier a pu penser car il est resté de marbres pendant toute l’épisode.

Une fois les passeports estampillés et les douaniers descendus, le train s’élance vers Urumqi et nous allons nous coucher. Il est dépassé une heure du matin.

15 juillet

Le garçon de cabine me réveille en cognant à ma porte. Il est 7h. Il annonce aussi que nous serons à Urumqi dans une heure. Dernier petit déjeuner sur le bras de mes amis d’à coté, brossage de dents et rempaquetage des sacoches et je suis prêt. Le train arrive à la limite de la ville à 8h mais en gare à 9h.

Le vélo est remonté en un tournemain sur le quai de la gare et me voilà reparti. Premier contact avec la chine, j’ai l’impression de me retrouver dans un gigantesque quartier chinois Je suis incapable de lire quoi que ce soit, je ne comprends pas un traitre mot de ce qui se dit et eux ne comprennent pas un traitre mot de ce que je dis. Je pointe donc mon vélo vers l’est et vogue la galère. Je ne ferai que quelques kilomètres avant d’arrêter ma bécane et à l’aide de signes je réussis à trouver un hôtel en périphérie de la ville. L’hôtel insiste pour que je règle le prix de la chambre à l’avance et je me rends compte que je n’ai plus que quelques dollars en poche. Mission trouver un guichet pour retirer de l’argent. Il y a des banques partout mais mes premiers essais sont infructueux et pendant un court laps de temps l’idée affreuse que je pourrais avoir un sérieux problème d’argent, si ma carte VISA ne fonctionnait pas dans les guichet chinois, m’a effleuré l‘esprit. Puis, c’est le miracle, tout fonctionne à merveille. En plus il y a un jeune à la banque qui baragouine suffisamment l’anglais pour comprendre que je suis a la recherche de cartes et de guides de la Chine. Il m’emmène ipso facto dans une immense galerie, genre foire aux livres, et j’y trouve tout ce que je cherchais. Une carte bilingue, chinois - anglais et deux guides illustrés un bilingue et un en anglais. Voila deux gros problèmes réglés. J’ai aussi remarqué des ateliers et un cordonnier sur ma route. Retour à l’hôtel, je vide mes sacs et je retourne vers les ateliers. Pour moins de deux dollars je règle mes problèmes de sacoches. Il ne me reste plus qu’à manger et ici c’est le paradis des mets chinois. Je me régale d’une soupe au ravioli pour le lunch puis d’un plat de poulet accompagné de nouille pour le souper tout cela arrosé copieusement de thé et accompagné tout au long de la journée de fruits frais. Le paradis pour quelques dollars.

Je suis fin prêt pour attaquer la route aux premières lueurs demain matin.

16 Juillet

Je me suis réveillé plus tard que je ne le pensais. J’ai paqueté mes trois sacs qui sont maintenant réparés et je suis parti vers 8h30. Comment faire pour sortir de la ville. C’est ici que le GPS a été utile, je suis parti vers l’est. Ma carte en chinois m’a aussi vraiment été utile. Si je parle aux chinois,ils me regardent avec un grand sourire, baraquouinent quelques mots puis s’en vont. En leur montrant la carte, ils regardent et s’intéresse immédiatement à localiser l’endroit où nous nous trouvons. Puis je leurs montre où je veux aller et ils me pointent dans la bonne direction. Cette manœuvre, j’ai dû la répéter au moins cent fois sur une distance de quelques kilomètres seulement, sans jamais être sûr si je m’engageais sur la bonne voie pour Turpan. Je viens de me rendre compte que mon odomètre ne répond plus aux commandes et que je ne peux plus atteindre les tableaux d’indicateur de distances, et d’heures. C’est une emmerde dont je me serais bien passé car j’aime bien savoir combien de kilomètres j’ai parcouru. GPS devra prendre la relève.

J’ai déjeuné vers 9h30 dans un petit restaurant Urqhu et le propriétaire m’a donné de bonnes directions pour me rendre à Turpan. Au premier contrôle routier, la police me somme de quitter l’autoroute et de prendre un petit chemin qui longe l’autoroute. Il veut que je retourne sur mon chemin 10 kilomètres pour prendre la dernière sortie. On parle avec des signes et je lui demande si je pourrais sortir à la prochaine sortie qui est aussi à 10 kilomètres devant. Son patron qui n’a pas bougé jusqu’à maintenant l’appelle et le policier accepte mon arrangement. Je repars donc sur l’autoroute que je ne quitterai d’ailleurs pas jusqu’à Turpan sans jamais être embêté. La route est belle, propre et l’asphalte impeccable. Tout un changement avec le Kazakhstan. Plus je m’engage dans en Chine et plus j’aime ce pays. A 10 km de Turpan, je m’arrête dans une station service pour boire quelque chose d’autre que de l’eau chauffé par le soleil. Le propriétaire insiste pour me donner la boisson que j’ai choisie. Je sors dehors pour le boire et voilà que les jeunes pompistes qui n’ont pas vingt ans me reçoivent avec une autre boisson puis des morceaux de cantaloup et une cannette de Red Bull. Je devrai leur faire comprendre par signe que je ne peux plus ingurgité quoi que ce soit, que j’ai l’estomac plein comme une outre. Surtout que j’ai encore l’estomac fragile.

Finalement je rentre à Turpan entre chien et loup et je me dirige vers l’hôtel que le bureau d’information touristique m’a conseillé comme étant le moins cher de Turpan (80 Yuan) environ 12 USD et tout à fait correct.

17 juillet

Parti vers 8h. Petit déjeuner sur le coin de la route compose d’un œuf dur, de deux rouleaux de pâte cuit dans la haute friture et d’une petite salade de carottes comme accompagnement, le tout arrose copieusement d’eau chaude. Puis j’ai pédalé jusqu’à une annonce de site historique. J’ai décidé de m’y rendre un détour de 15 km. L’ancienne ville de Gaochang et les tombes d’Astana en valaient la peine. La ville de Gaochang existe toujours et s’est développée à coté des ruines. Certaines maisons sont construites dans les ruines. On repassera pour la conservation des lieux historiques. Dans les ruines, j’ai rencontré un groupe de Québécois qui faisait la route de la soie accompagné d’un guide au nom italien et qui venait de Montréal. C’était assez spécial de parler et d’entendre notre accent dans les ruines d’une ancienne cité chinoise au fin fond de la province du Jingxang. Dans le village actuel de Gaochang, la vie tourbillonne, et je m’y suis arrêté pour le lunch. J’ai mangé un délicieux plat de légumes, de nouilles et de poulet avec du chaï à volonté. Je suis reparti vers 14h direction Shanshan. La route est en montée constante et le vent souffle de l’est aujourd’hui je ne ferai pas aussi bien qu’hier. De plus, je suis dans une région semi-aride et le soleil tape vraiment dur. Sur le chemin j’ai aperçu un regroupement d’auto stationné sur la chaussée et des chinois qui prenaient un bain de soleil et de sable dans le pan de la montagne. Il n’y a pas d’eau à des miles à la ronde. C’était une scène assez spéciale. Vers 18h, je me suis arrêté dans un village juste avant Shanshang et comme il y avait un hôtel j’ai décidé de m’y arrêter pour la nuit. Je n’ai toujours pas d’odomètre, mon matelas pneumatique perd toujours son air et je crois que j’ai une mini fuite dans mon pneu arrière que j’ai du gonfler deux fois dans la journée d’hier.

18-19 juillet

Deux jours de grandes pédales. J’ai fait environ 250 km. Les contrôles de mon odomètre ne répondent plus alors je suis pris avec des tableaux qui me donnent ma vitesse et la vitesse moyenne depuis le début. L’heure apparait seulement lorsque je suis arrêté et elle est restée à l’heure d’Almaty avec deux heures de retard... Je le garde quand même monté sur le guidon de mon vélo car il enregistre probablement les kilomètres et je pourrais peut-être réussir à faire fonctionner les commandes à mon retour au pays. Sait-on jamais!

La première nuit, j’ai campé carrément sur le bas coté de l’autoroute dans le gravier. J’ai quand même passé une très bonne nuit. Le 19, j’ai demandé la permission de camper dans une carrière de sable. Alors que j’étais bien installé l’un des conducteur de camion de la carrière est venu me visiter et par signe, m’a offert de souper. Je croyais que nous mangerions à la bonne franquette sur le chantier mais je me suis retrouvé assis sur une petite moto sur l’autoroute, dans des sentiers dans les champs pour enfin aboutir chez lui dans un village à quelques kilomètres du chantier. Il m’a fait visiter sa maison et son épouse a confectionné en deux temps trois mouvements des pâtes maisons qu’elle a agrémentées de légumes frais du jardin, d’herbes et d’un petit morceau de viande. Pendant ce temps nous nous régalions d’un succulent melon d’eau et mon hôte appelait sur son cellulaire, tout le voisinage et la parenté. Le repas était vraiment délicieux. Mes hôtes chaleureux et agréables. Je regrette tellement de ne pas pouvoir communiquer avec eux. J’aurais tellement de questions à poser, surtout que j’étais dans une famille Uygurd. Je suis revenu à ma tente à 23h30. Je vais manquer un peu de sommeil demain mais l’expérience en valait la peine.

20 juillet

Petite journée de 80 km. Je me suis arrêté à Hami, je me suis loué une chambre, J’ai l’intention de mettre de l’ordre dans mon blog pour le jour où j’aurai une connexion internet, de réparer ma crevaison et mon matelas pneumatique qui coule toujours et de me coucher à l’air climatisé et de très bonne heure. Comme dirait mon amie Louise de faire ma poule de luxe pour un soir.

21 juillet

J’ai réalisé ce matin en vérifiant les horloges de l’hôtel que je fonctionnais toujours sur l’heure d’Almaty alors que la Chine au complet fonctionne sur l’heure de Beijing soit deux heures de plus. Alors moi qui croyait me coucher tôt et me réveiller aux petites heures du matin, je me couchais tard et me réveillais plutôt tard.

Je suis parti ce matin de l’hôtel après un copieux petit déjeuner composé d’eau de riz, de riz, de pain, de fèves germées et de concombres vinaigrés. Pas terrible, mais fort efficace pour quelqu’un qui a des problèmes d’intestins.

A 9h, heure de Chine, comme je suis bien reposé et que le vélo va particulièrement bien j’ai pédalé, pédalé, pédalé. De plus, après une vingtaine de kilomètre de Hami, il y a un petit village où je me suis arrêté pour prendre le déjeuner, qui m’a d’ailleurs été offert par un résident de la place.

**Aux prochaines nouvelles, la cadette, Pascale! **

5 commentaires:

  1. Wow, quel mois de juillet! Incroyable le nombre de bons samaritains sur le chemin que l'on peut rencontrer, le hasard qui finit par bien faire les choses et les rencontres inopinées à saveur québécofranco! J'en suis encore sous le choc. Incroyable l'aventure de juillet! Est-ce que Bruno l'autre flyé est au courant? J,espère que malgré le matelas qui s'essouffle, l'odomètre qui ne sait plus où mettre les kilomètres et le boyaux qui ont encore le hoquet, tu as toujours ta caméra en bon état? Je te le dis, je te le dis, y aura une belle soirée des grands Explorateurs à faire vivre à ceux qui dorment dans le confort, ici. Prends bien soin de toi et j'ai hâte uqe Jacques te lise. Tu deviens alors unes source de discussion animée. Bonne chance en Chine! Louise xoxo

    Pascaline! Un million de mercis de partager son journal avec nous. Ouf!

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  2. Tôt le matin au pays je viens de terminer la lecture des aventures de ''Petit Jean au Pays des Chinois''. Toujours des plus intéressant. Je suis heureux de constater que les gens sur ton chemin sont généreux et gentils rendant ton voyage certainement des plus enrichissant. Il faut que tu photographies le plus possible afin de nous faire revivre ton voyage lors de ton retour. Côté construction, il n'y a eu qu'un seul contracteur à la maison ''T-INC'', Marie a été au dessus de moi au moins 20 minutes pendant que je réparais le robinet de la cuisine....parlant de cuisine la mienne avance, les gros travaux sont terminés et nous commençons la finition laquelle prendra un certain temps. Tout comme toi je perds des livres (15 en tout) mais c'est pas en raison de boyaux défaillants....alors prends soin de ceux-ci et au plaisir de te relire. Jacques.

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  3. Wow Papa, ton aventure est FOLLE!!!!!!!!!!!!

    Moi aussi j'ai bien hate que tu reviennes pour voir tes photos, tes vidéos et t'entendre parler de cette expérience palpitante!! (pour te voir aussi quand même!!!)

    Je m'ennuie beaucoup de toi, je trouve que ça commence à être long un peu sans toi ici!!

    Je t'aime papounet
    xoxoxox (Caki)

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  4. Et bien, on est sans voix.Tout un périple que le tien mon cher Jean. On avait bien hâte d'avoir de tes nouvelles (merci Pascale) et on te lit avec grand intérêt. Nous aussi, on a bien hâte de voir des photos et de t'entendre en parler en DIRECT car tu sembles vivre une expérience hors du commun et hors confort.Tu réussis, avec tes résumés,à nous faire partager un t'it peu ton périple et surtout à avoir hâte d'en savoir plus. Malgré la difficulté de la langue, on a l'impression par tes descriptions, que tu réussis tout de même une certaine communication.
    Au plaisir de continuer à te lire.

    J'espère qu'il te restera assez d'air dans ton matelas pour soutenir un peu ton dos et que ton APPAREIL DIGESTIF restera un peu tranquille pour la fin de ton trip.

    on t'embrasse,
    Lise et Gilles

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  5. Salut Jean.

    J'avais beaucoup de retard dans la lecture de ton récit. Je profite de cette journée de vacance, seul à la maison, pour me régaler de tes aventures. C'est passionnant et tu m'épates encore plus! Tu racontes parfois qu'il était spécial de rencontrer des québécois ou des francophones dans les endroits les plus reculés ou les plus insolites. Et bien je suis certain que ces personnes se souviendront toujours de ce sympathique hurluberlu québécois à vélo !! Je t'envie cher ami...
    Richard

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